jeudi 21 octobre 2010

Pour des Droits effectifs

Pour des Droits effectifs

L’histoire est tenace quand elle interroge l’actualité. Plus personne ne conteste que nous vivons dans une société en accélération constante où les événements se collapsent, parfois s’annulent et où l’émotion envahit de manière pernicieuse l’espace public.

Nous avons de plus en plus de mal à construire des projets sur la durée en laissant le temps aux processus de faire leur travail. Le paraître va prendre le pas sur l’être. Le constat est partagé, mais la dure réalité de la communication impose ses règles au-delà du supportable. Parions que tous les gouvernants rêvent d’avoir quelques mineurs à 700 mètres sous terre.

Comment dans ces conditions, donner au vivre ensemble la possibilité de se concrétiser sans être vécu comme une injonction de plus ? Ou pire comme la manifestation d’un échec : celui de l’incapacité à partager des valeurs et des règles communes.

Or le vivre ensemble comme la citoyenneté ne se décrète pas. Il est d’ailleurs souvent invisible à l’observation. Il échappe au contrôle social et à l’organisation événementielle. Il est comme la solidarité imprévisible, inattendu, anonyme, généreux. Il est partagé dans toutes les couches sociales et toutes les générations. Les atteintes à ses fondements créent évidemment des réflexes de replis identitaires ou de crispations communautaires, mais ils rapprochent aussi par la parole et le geste des personnes jusque-là éloignées les unes des autres.

Voilà tout l’enjeu de nos mobilisations actuelles : tisser des solidarités ; ne pas nous laisser prendre par des peurs régressives et coupables ; par des réactions sécuritaires et répressives. Le mouvement social et civique n’a de cesse de se renouveler. Il y a même un coup d’accélérateur depuis le discours de Monsieur SARKOZY à Grenoble. Quand les gouvernants pensent avoir tout compris, c’est le début des désillusions pour eux.

Toutes les atteintes aux valeurs républicaines et aux croyances religieuses, en Alsace mais aussi ailleurs en France et dans le monde, font d’autant plus tort à nos sociétés démocratiques que celles-ci ne sont plus en capacité et en mesure d’assurer la justice sociale et le principe de l’égalité. C’est un dur constat mais à l’écoute des personnes les plus éloignées des institutions exécutives, la distance entre les gouvernants et les gouvernés croît ; la méfiance aussi.

Ce phénomène ne remet pas fondamentalement en danger les institutions démocratiques, mais il est un frein puissant au changement et à l’adaptation aux évolutions sociétales. Or c’est l’énergie sociale le facteur le plus important pour affronter les défis actuels ; l’éducation, les changements climatiques, la diversité culturelle, l’alimentation, l’eau…

Pour cela, il faut rompre avec nos vieilles recettes prônant la paix sociale et la tolérance. Plus personne n’y croit dans une société aussi durablement conflictuelle envers les plus pauvres et discriminatoire envers les étrangers et les Français issus de l’immigration.

L’heure est au respect des droits et à leur effectivité, car à quoi servent-ils ces Droits de l’Homme s’ils ne sont pas mis en œuvre.

Cette urgence n’est pas à prendre à la légère. N’oublions pas que malgré les craintes de certains, nos sociétés n’ont jamais eu autant de moyens à leur disposition pour assurer à toutes et à tous l’égalité. C’est ce chemin et cette perspective qui s’ouvrent à nous.

Ne perdons pas de temps !


Richard Sancho Andreo

Conseiller Municipal PS

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