lundi 29 septembre 2008

Cercle du silence


À Strasbourg comme dans les autres villes de France, des hommes, des femmes et des enfants vivent dans la peur constante d'être arrêtés par la police. Ils se cachent, sursautent dès qu'on frappe à la porte. Ils ont peur chaque fois qu'il leur faut se déplacer et sortir, pour accompagner leurs enfants à l'école ou chez le médecin, pour chercher leur courrier ou de quoi se nourrir…

Tout près de chez nous, à une dizaine de kilomètres de Strasbourg, se trouve le Centre de Rétention de Geispolsheim où on les enferme en attendant d'exécuter leur renvoi vers leur pays d'origine. La loi prévoit qu'on peut les enfermer durant 32 jours dans l'attente de leur expulsion.

Quel est donc leur crime ? Être démuni de papiers car ils n'ont pas pu obtenir d'autorisation de séjour (au titre du droit d'asile, de leurs liens familiaux en France, de la gravité de leur état de santé…) ou, alors qu'ils étaient entrés sur le territoire français en toute légalité, le renouvellement de leur titre de séjour a été interrompu, souvent après des années de séjour régulier.

Au plan national, l'objectif fixé par le gouvernement de 25 000 reconduites à la frontière en 2007 a été porté à 26 000 reconduites en 2008. En 2007, 839 personnes ont été enfermées et 475 personnes ont été expulsées de Geispolsheim.

De véritables tragédies humaines ont lieu quotidiennement à Strasbourg et elles ne cessent de se multiplier et de s’aggraver. Nous avons la conviction qu’elles sont largement méconnues d’un très grand nombre.

Désormais, c’est en notre nom et arbitrairement que des personnes sont expulsées loin de leurs lieux d’asile, de leurs lieux de vie, de leurs lieux de travail, de leurs cercles d’amis.

C’est en notre nom et arbitrairement que des demandeurs d’asile sont renvoyés dans leur pays d’origine dont ils cherchaient à fuir les persécutions.
C’est en notre nom et arbitrairement qu’un père ou une mère est arraché à ses enfants.
C’est en notre nom et arbitrairement que des enfants, des personnes âgées, des personnes gravement malades sont enfermées dans des centres de rétention dans l’attente de leur expulsion.

L'objectif du chiffre opère une véritable entreprise de déshumanisation qui cache le drame des êtres humains frappés par son application aveugle. Les agents, administratifs, judiciaires, policiers, sont de plus en plus nombreux à exprimer leur malaise de devoir incarner un des maillons d’une chaîne d'exécution dont personne ne se tient vraiment pour responsable.
Nous croyons que nous sommes tous responsables.

Le respect de la Loi a pour finalité de nous permettre de vivre les uns avec les autres. Jamais la loi ne devrait être convoquée pour anéantir les plus faibles d'entre nous. Derrière le chiffre à atteindre disparaissent le visage et l'histoire réelle de ces autres qui voudraient tant être des nôtres.

Lorsqu’on les enferme et qu’on les expulse, c’est notre propre humanité qu’on détruit.
Parce que le cercle de silence est une action non-violente de protestation qui rassemble des hommes et des femmes de divers horizons et convictions philosophiques, politiques ou religieux, nous appelons toutes celles et ceux qui souhaitent s’associer à notre protestation non violente et silencieuse à nous rejoindre le 30 de chaque mois, de 18 à 19 heures, Place Kléber à Strasbourg.

cercledesilence.strasbourg@gmail.com

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